…012

Pendant le long trajet qui séparait la place publique, où prêchaient les Témoins, de la grande résidence d'Asgad Ben-Adnah, les passagers de la limousine gardèrent le silence. Il y avait des accidents partout et des gens hystériques qui couraient au milieu des rues. Cependant, la grosse voiture poursuivait patiemment sa route, un mètre à la fois.

Benhayil Erad pouvait apercevoir dans le rétroviseur le regard troublé de Sélèd, leur chauffeur, mais il n'osait pas parler en présence de son patron. Il avait assisté, impuissant, à la progression de la maladie d'Asgad, qui lui avait d'abord semblé d'ordre physique. À présent, c'était son état mental qui l'inquiétait.

Après sa chute devant les prophètes, l'entrepreneur avait complètement changé de personnalité. Au lieu de vanter les pouvoirs de ces deux étranges personnages, ce qu'il aurait normalement dû faire, il regardait plutôt dehors comme s'il voyait Jérusalem pour la première fois.

Lorsque la grille de métal de la propriété d'Asgad s'ouvrit finalement devant la voiture, il parut offensé d'y pénétrer.

— Où allons-nous ? demanda-t-il enfin.

— Mais chez vous, monsieur Ben-Adnah, tenta de le rassurer Benhayil.

— Je sais encore reconnaître mon palais, scribe.

— Scribe ?

La limousine s'arrêta devant la porte de l'immense maison. Sélèd s'empressa de venir ouvrir la portière à son propriétaire. Asgad posa ses pieds sur le sol et se leva très lentement, promenant son regard sur la façade de sa demeure. Il devint évident pour le chauffeur que le grand homme avait perdu la mémoire en se frappant la tête, quelques minutes plus tôt.

— Je ne connais pas cet endroit, affirma Asgad en marchant vers la porte.

Benhayil se précipita pour la lui ouvrir.

— Après quelques heures de repos, tout redeviendra plus clair, indiqua-t-il d'une voix la plus naturelle possible.

— Vous ordonnez à votre empereur d'aller se reposer ?

Derrière Asgad, Sélèd faisait de grands signes pour attirer son attention. Il lui indiquait tant bien que mal, à l'aide de ses mains, que leur patron était devenu fou et qu'il allait téléphoner tout de suite au médecin. Benhayil acquiesça doucement pour ne pas indisposer davantage l'homme d'affaires.

Asgad circula très lentement d'une pièce à l'autre en contemplant le mobilier, les tentures, les tapis et les bibelots. Benhayil le suivait à la trace, craignant de le voir s'effondrer une seconde fois.

— Pourquoi ne suis~je pas à Rome ? s'enquit-il au bout d'un moment.

Le secrétaire avait deux choix : lui dire la vérité sans savoir comment il réagirait ou jouer le jeu jusqu'à l'arrivée du médecin.

— C'est vous qui avez choisi de passer l'hiver dans votre villa de Jérusalem, répondit-il avec un sourire forcé.

Asgad fit volte-face.

— Ne savez-vous donc pas qui je suis ? tonna-t-il.

Benhayil fut si surpris qu'il fut incapable de prononcer un seul mot.

— Je suis Publius Aelius Hadrianus, empereur de Rome ! Je déteste Jérusalem et tous ses rebelles qui ne reconnaissent pas ma puissance !

— Vous n'avez aucune raison de vous mettre en colère, Excellence, parvint finalement à articuler le secrétaire. Les choses ont beaucoup changé depuis votre…

Il faillit utiliser le mot « mort » et s'arrêta juste à temps. Si son patron était tombé sur la tête, ce n'était pas le moment d'envenimer les choses.

— Depuis quoi ? gronda Asgad.

— Depuis votre long sommeil. Votre maladie vous a fait perdre de nombreuses années.

Le visage de l'entrepreneur s'assombrit.

— M'a-t-on remplacé ?

Benhayil se remémora rapidement ce qu'il avait appris lors de ses cours d'histoire.

— Non, Excellence. Me permettez-vous de vous raconter ce qui s'est passé avant votre perte de connaissance ?

L'homme d'affaires prit place dans une confortable bergère et, d'un geste de la main, lui fit signe de parler.

— Vous avez rejoint votre armée à Jérusalem pour tenter de comprendre pourquoi vos légionnaires n'arrivaient pas à exterminer les Juifs. C'est à ce moment-là que votre corps a commencé à vous faire souffrir et que vous avez sombré dans l'inconscience. Nous vous avons emmené ici et nous avons patiemment attendu votre réveil.

Hadrien demeura silencieux, sans doute parce qu'il ne pouvait pas se remémorer ces événements qu'il n'avait pas vécus. Benhayil ne le pressa d'aucune manière. Silencieusement, il espérait voir bientôt arriver le médecin.

— Quel est votre rôle dans tout ceci ? voulut savoir l'empereur.

Le secrétaire n'avait jamais été un as de l'improvisation, mais s'il voulait éviter de traumatiser davantage son patron, il devait faire appel à tous ses talents.

— On m'a choisi pour vous servir de scribe à votre arrivée à Jérusalem.

— Mais vous êtes Juif. Je n'aurais jamais accepté de vous prendre à mon service, même sous l'emprise de la maladie la plus terrible.

— Ma mère est grecque.

— Ah…

La fascination d'Hadrien pour cette brillante civilisation était bien connue, et Benhayil entendait se servir de toutes les bribes du passé dont il arrivait à se souvenir.

— Comment vous appelez-vous ?

— Benhayil Erad.

— Je n'aime pas votre nom. Il faut le changer.

Le médecin avait recommandé de ne pas contredire son patient pendant ces périodes de désorientation, alors le secrétaire garda le silence.

— Je t'appellerai Pallas. En grec, cela signifie « compréhensif ».

— Vous m'honorez, Excellence.

— Je sens que toi et moi allons nous entendre, Pallas.

Le visage d'Asgad s'attrista. Ces changements subits d'humeur n'avaient commencé à se produire que quelques mois auparavant, en même temps que le début de cette maladie que les médecins n'arrivaient pas à identifier.

— En venant ici, j'ai constaté que beaucoup de choses avaient changé et j'éprouve des craintes quant à l'état de mon empire. Trouve-moi une carte du monde.

— Oui, certainement.

Benhayil se pressa vers la grande bibliothèque en espérant que son patron resterait gentiment assis dans son petit salon. Toutefois, si Asgad était un homme calme et ambitieux, l'empereur Hadrien, lui, possédait une curiosité insatiable et avait constamment besoin d'action. Il suivit donc son nouveau serviteur uniquement pour voir où l'on classait les parchemins dans cette maison. L'homme d'affaires s'immobilisa à l'entrée de l'impressionnante pièce chargée d'ouvrages en tous genres. Benhayil fouillait déjà dans le tiroir d'un classeur qui se trouvait sous les dizaines d'étagères vitrées derrière lesquelles on voyait le dos de centaines de livres. Le jeune homme en retira un long document enroulé sur lui-même et se retourna. Il sursauta en apercevant « l'empereur » à quelques pas de lui.

— Montrez-moi mon empire.

— Oui, bien sûr.

Le secrétaire déploya la carte sur la table de travail. Hadrien l'étudia pendant de longues minutes avant de demander où il se trouvait exactement. Sans hésitation, Benhayil mit le doigt sur Jérusalem. Cette fois, son patron reconnut la région.

— Quelqu'un s'est-il emparé de mes terres de Gallia, de Hispania, d'ïtalia et de toutes celles qui appartenaient à Rome ?

— Je ne sais pas trop comment vous expliquer cela…, soupira son serviteur. C'est très compliqué.

— Mais je ne suis pas pressé.

« Aussi bien aller droit au but », pensa le secrétaire.

— L'Empire romain s'est effondré et tous ces pays sont devenus indépendants.

— Indépendants ? Les régents se sont révoltés ?

Sans laisser au secrétaire le temps de répondre, Asgad quitta la pièce. Benhayil abandonna la mappemonde et le poursuivit jusqu'au petit salon qu'il semblait avoir adopté. L'empereur se laissa tomber dans le fauteuil, abattu.

— Ai-je été malade si longtemps ? s'attrista-t-il. Où sont mes armées ?

— Laissez-moi vous reconduire à votre chambre, Excellence. Cette journée a été fort éprouvante pour vous. Vous avez besoin de dormir un peu.

— Qu'adviendra-t-il du reste de mon empire si je replonge dans le sommeil ?

Le pauvre secrétaire fut sauvé par la clochette de l'entrée.

— Veuillez m'excuser, Excellence. Je vais voir qui est à la porte.

Benhayil se courba respectueusement devant lui et tourna les talons, espérant de tout son cœur que ce soit le médecin. Il courut jusqu'au vestibule et fut déçu de trouver un inconnu sous le porche.

— Suis-je bien chez monsieur Asgad Ben-Adnah ? demanda l'étranger richement vêtu.

— Oui, monsieur, mais il est indisposé en ce moment.

— C'est pour cette raison que je suis ici. Le docteur Herschel s'excuse de ne pas pouvoir répondre à votre appel. Il a tellement de blessés à soigner. Êtes-vous le fils de monsieur Ben-Adnah ?

— Non, je suis son secrétaire, Benhayil Erad. Êtes-vous médecin ?

— Oui, monsieur. Permettez-moi de me présenter, je suis le docteur Ahiyam Wolff.

Le secrétaire lui serra la main sans se douter qu'en réalité cet homme n'était nul autre que le Faux Prophète. Ayant intercepté l'appel téléphonique du chauffeur à Herschel, il s'était rapidement rendu chez le médecin pour effacer le message sur le répondeur de ce dernier.

— Connaissez-vous le dossier médical de monsieur Ben-Adnah ?

— Sur le bout des doigts, assura Ahriman.

— Donc, vous savez qu'il vient de passer une batterie de tests qui n'indiquent d'aucune manière ce dont il souffre.

— Il arrive que des symptômes physiques prennent naissance dans l'esprit, monsieur Erad.

— Vous tapez dans le mille, docteur Wolff. Il y a quelques heures, mon patron s'est frappé la tête, et depuis il prétend être Hadrien, l'empereur romain.

— C'est plutôt curieux, mais la détresse morale cause parfois ce genre de délire. Puis-je voir monsieur Ben-Adnah ?

— Oui, je vous en prie. Suivez-moi.

Lorsque les deux hommes apparurent à l'entrée de la pièce, Asgad leur présenta le visage abattu d'un homme atterré par la perte de son empire.

— Laissez-nous seuls, je vous prie, chuchota Ahriman au secrétaire.

— Je serai juste à côté si vous avez besoin de moi, assura Benhayil.

Il laissa son patron en compagnie du médecin, priant le ciel que celui-ci lui fasse entendre raison. II. ignorait évidemment qu'un Orphis de la trempe d'Arimanius possédait des pouvoirs bien plus étendus que ceux d'un omnipraticien.

— Comment vous sentez-vous, monsieur Ben-Adnah ? demanda le Faux Prophète en déposant sa petite valise noire sur la table à café.

— C'est à moi que vous vous adressez ? répliqua Asgad sur un ton tranchant.

— Votre secrétaire m'a raconté que vous aviez reçu un solide coup sur le crâne. Me permettez-vous d'y jeter un coup d'œil ?

— Qui êtes-vous ?

Même les reptiliens connaissaient l'histoire des hommes et Ahriman entendait bien se servir de son savoir pour amadouer le puissant entrepreneur. Il devait à tout prix devenir son meilleur ami jusqu'au retour de Satan, afin que personne ne s'empare de son corps.

— Je suis Ahiyam Wolff, médecin, magicien et astrologue.

Une lueur d'espoir illumina les traits de l'empereur.

— Dans ce cas, vous êtes l'homme dont j'ai besoin.

— Je sais.

Ahriman tira vers Asgad un pouf de cuir et prit place directement devant lui.

— Dites-moi comment vous vous sentez.

— Je suis confus.

— Avez-vous mal à la tête ?

— Je n'ai mal nulle part et pourtant, lorsque j'ai fermé les yeux, il y a de cela je ne sais combien de temps, mon corps me faisait terriblement souffrir. Je me suis réveillé sur une place publique, affublé de ces curieux vêtements, et un homme qui se dit mon serviteur m'a ramené dans cette maison que je ne connais pas. Même mon visage a changé…

Le Faux Prophète remarqua alors une égratignure sur le bras du futur maître du monde. C'était l'occasion rêvée de faire mordre son poisson à l'hameçon.

— Puis-je examiner cette écorchure ?

Asgad lui tendit innocemment le bras. S'assurant que son patient pouvait voir tout ce qu'il faisait, Ahriman illumina la paume de sa main et referma la blessure.

— Par tous les dieux ! s'exclama Asgad.

— Cette opération a-t-elle été douloureuse ?

— Je n'ai rien senti, mais…

L'homme d'affaires inspecta attentivement l'endroit où, quelques secondes plus tôt, la peau avait été fendue.

— Comment avez-vous fait cela ?

— Ne vous ai-je pas dit, tout à l'heure, que j'étais magicien ?

— Les magiciens se servent d'illusions. Ce que vous venez de faire tient du prodige. J'exige que vous m'expliquiez comment vous faites jaillir de la lumière de vos paumes.

Un sourire triomphal se dessina sur le visage du Faux Prophète. Il présenta sa main droite à Asgad et la fit briller de nouveau. Ce dernier la retourna dans tous les sens pour tenter de découvrir le dispositif qui créait ce phénomène, mais ne trouva rien.

— Ce n'est pas une illusion…

— Je possède des pouvoirs qui m'ont été légués par mes ancêtres, mentit Ahriman.

Il était encore trop tôt pour lui parler de reptiliens. Ahriman le laissa contempler sa peau luminescente autant qu'il le voulut.

— Cette science se transmet-elle uniquement au sein d'une même famille ? s'enquit Hadrien.

— Pas nécessairement. J'ai connu des hommes très doués qui sont devenus de grands guérisseurs par leur seule volonté.

— Cela nécessite-t-il un long apprentissage ?

— Là encore, tout dépend de la détermination de l'apprenti.

L'empereur se cala dans la bergère, les yeux chargés d'espoir.

— Depuis que je dirige cet empire, j'ai rencontré beaucoup de mages, de sorciers et d'enchanteurs. La plupart ne faisaient que prononcer des incantations vides de sens qui n'aboutissaient à rien ou réaliser des prédictions en scrutant les entrailles de bêtes innocentes. J'ai même sommé le plus puissant d'entre tous de faire mourir un homme devant moi avec sa magie, et il en a été incapable.

Ahriman garda le silence, faisant bien attention de se montrer intéressé par ce que lui confiait cet important personnage.

— Seriez-vous capable de tuer un homme sans même le toucher ? le pressa Hadrien.

— Sans doute, mais ma mission dans cette vie est fort différente. Je préfère utiliser mes dons pour guérir les malades.

— C'est un geste noble, mais est-ce là votre seul pouvoir ?

— Je manipule assez bien le feu.

Le Faux Prophète matérialisa une boule enflammée dans sa main. Lorsque l'empereur voulut en approcher les doigts, il la fit disparaître.

— Seuls les dieux peuvent accomplir de tels miracles, s'étrangla Hadrien.

— À ce qu'on m'a dit, ils auraient enseigné leur science aux hommes il y a fort longtemps. Heureusement, certains se souviennent encore de leurs leçons. Je suis l'un de ceux-là.

— Pouvez-vous faire autre chose ?

— Si je vous le dis, vous ne devrez jamais le répéter à qui que ce soit.

— Vous avez la parole de l'empereur Hadrien.

— Je suis capable, dans certaines conditions bien précises, de ressusciter les morts.

Des émotions se succédèrent sur le visage du revenant, car il avait perdu un être cher durant son règne. Ahriman en était parfaitement conscient, et la seule promesse de lui rendre cette personne le lierait à lui jusqu'au retour du Prince des Ténèbres.

— Si vous me rendez Antinous, je ferai de vous un homme riche, lui promit Hadrien dans un souffle.

Le Faux Prophète s'inclina devant lui pour qu'il ne voie pas le sourire démoniaque qui venait d'apparaître sur son visage. Avant de quitter l'homme d'affaires, il lui jeta un dernier sort destiné à lui faire voir dans toutes les glaces le visage qu'il avait eu lorsqu'il était Hadrien.

 

Sicarius
titlepage.xhtml
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_000.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_001.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_002.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_003.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_004.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_005.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_006.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_007.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_008.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_009.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_010.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_011.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_012.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_013.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_014.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_015.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_016.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_017.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_018.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_019.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_020.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_021.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_022.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_023.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_024.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_025.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_026.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_027.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_028.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_029.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_030.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_031.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_032.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_033.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_034.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_035.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_036.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_037.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_038.AlexandriZ_html
Robillard,Anne-[A.N.G.E.-4]Sicarius(2009).French.ebook_split_039.AlexandriZ_html